top of page

La banlieue, d'ici à ailleurs

Les paysages de la banlieue de Paris et leurs transformations

Les photographies de cette série font partie d’un projet photographique initié en 2012, noué autour de rencontres, lectures ou conversations sur la photographie et la possibilité d’appréhender le territoire à travers elle, et nourri de multiples déambulations dans la banlieue ou aux portes de Paris.


Prises entre 2013 et 2020, elles posent un regard sur les paysages de la banlieue parisienne, appelée à devenir partie prenante et intégrante du Grand Paris, et leurs métamorphoses.


Tandis que le projet du Grand Paris a eu pour premier effet d’ouvrir une période d’intenses transformations dans Paris et son agglomération, ces photographies s’efforcent en quelque sorte de souligner, avant qu’elles ne s’estompent définitivement, les formes diverses de la ville de banlieue, telle qu’elle s’est développée au 20e siècle notamment : au-delà de son apparente banalité ou, au contraire, de son pittoresque, de révéler les marques plus ou moins singulières, le caractère de chacune des villes explorées.


Il s’agit surtout ici d’une découverte personnelle et photographique de ces espaces de transition ou en transition parfois définis par les sciences humaines et sociales comme "entre-deux", "interstices urbains", "non-lieux", "tiers paysage", "zone indécise […] où se mélangent les ‘propriétés de la ville et de la campagne’, où les espaces bâtis et les espaces ouverts s’interpénètrent de nouvelle façon" (1) : de ces marges, ou ce qu’il en reste, entre Paris et sa banlieue, mais aussi entre l’urbain et le non-urbain, l’habité et le non-habité, le construit et le non-construit.


Ces promenades photographiques, le plus souvent solitaires, répétées, invitent à une autre connaissance – à une "reconnaissance" – des territoires au-delà de Paris, et notamment des espaces à l’identité incertaine : lieux sans appartenance et sans qualités, parfois sans nom, non investis et non revendiqués, désaffectés, vides, perdus, secrets, mal-aimés, avant leur appropriation ou leur "requalification". Cette sorte de no man’s land, de terra incognita que nous arpentons assidûment et inlassablement, toujours nouvelle, toujours changeante, de façon plus ou moins perceptible, devient un objet photographique passionnant, l’objet photographique par excellence, et la marche une métaphore de la photographie, pour reprendre les mots du photographe Bernard Plossu (2).

La sélection présentée ici montre des villes de la Seine Saint-Denis et du Val-de-Marne principalement, où les traces d’une géographie et d’une histoire s’effacent peu à peu devant l’extension du Grand Paris ; où les logements ouvriers, l’habitat social, peuvent côtoyer des zones pavillonnaires, des quartiers résidentiels ; où des espaces verts ont pu être ouverts ou préservés en milieu urbain, invitant à la déambulation, à la contemplation et à la rêverie, en lisière des métamorphoses de la métropole.

(1) Filippo Zanghi. Zone indécise : périphéries urbaines et voyage de proximité dans la littérature contemporaine, Presses universitaires du Septentrion, 2014.

 

(2) "On est tout le temps à pied, les photographes, finalement la marche c'est presque la métaphore de la photographie". Projection-débat sur le thème des frontières à la Cité de l’architecture et du patrimoine, novembre 2015.

bottom of page